C'est le moment de l'entrée en scène de la première star....en fait un jeune toréador mexicain de 19 ans qui "prend l'alternative". Cette expression fait partie du vocabulaire de la tauromachie que seuls les experts connaissent...mais c'est quelquefois en utilisant des mots compliqués qu'on masque la dure réalité de ce qui se passe dans l'arène. Le jeune mexicain continue d'exciter le taureau déjà à moitié groggy et ruisselant de sang.... "combat" inégal d'un homme contre un animal blessé qui fonce sur la cape rouge sans penser que le réel danger c'est le mec qui tient la cape.
Oui, la corrida est une tradition... mais abjecte, qui stimule nos pulsions morbides
LE PLUS. L'été est traditionnellement la saison des corridas dans le sud de la France et en Espagne. Pour Claire Starozinski, présidente de l'Alliance Anti-Corrida, cette tradition est intolérable. Elle doit impérativement disparaître. Elle nous explique son point de vue.
Édité par Mathilde Fenestraz Auteur parrainé par Aude Baron
Au XXIe siècle, la corrida n’est autre que la torture légale et la mort d’un animal, en public, pour le plaisir d’une minorité. Or, la fonction d'un taureau n'est pas de se battre dans une arène, pas plus que celle de ces malheureux "chevaux toreros" entraînés encore et encore, et dont une large proportion ressort cassée…
Les mœurs ont évolué
Que le spectacle de la corrida frappe tous les sens par ses couleurs, ses costumes, sa musique et une gestuelle fascinante, nous sommes tous capables de le comprendre. Que l'on justifie la permanence de la corrida par le souci de pérenniser la tradition également. Or, toute tradition cesse d’être respectable dès lors qu’elle entre en contradiction avec l’évolution des mœurs.
En outre, il ne s’agit pas d’une simple mise à mort. Il suffit d’examiner les armes qui s’enfoncent profondément dans les chairs et de voir les blessures qu’elles occasionnent, pour se convaincre qu’il s’agit de sévices graves et d'actes de cruauté programmés, infligés à un animal que l’on nous présente comme un combattant, mais qui n’est en réalité qu’un mammifère, bien moins roué que l’homme et qui meurt 99,5 fois sur 100...
De nombreux toreros exigent que les animaux soient mutilés avant l'entrée en piste. Ils veulent prendre de moins en moins de risques en gagnant jusqu'à 400.000 euros pour une seule prestation !
Comment peut-on parler d'égal à égal ?
L’afeitado consiste à raccourcir les cornes de cinq à dix centimètres en les sciant à vif. La matière innervée est repoussée vers la racine et pour rendre la mutilation indétectable, les bourreaux reconstituent la pointe de la corne avec de la résine au moyen d’un chalumeau !
En 1999, des chercheurs de l’université de Salamanque ont détecté la présence de tranquillisant
et anti-inflammatoire pour dissimuler des boiteries. 20 à 30 % des taureaux sont mutilés et drogués. Comment oser encore parler d’un combat d’égal à égal ?
Dans les départements du Sud qui peuvent se prévaloir d’une tradition ininterrompue, on peut, en toute légalité, blesser des veaux à mort. Dans mon jardin, j’ai le droit de monter une arène de fortune, d’acheter un ou plusieurs taurillons, de vendre de quoi se restaurer et le tour est joué.
Le massacre, perpétré par n’importe qui sous les yeux d’un individu considéré comme expérimenté peut commencer ! À plusieurs reprises, l’épée entre, ressort, et la corrida privée se termine dans un bain de sang, sous le regard de parents accompagnés de leurs enfants.
Une pulsion morbide
Pourtant, même dans ces départements, la tauromachie rencontre plus d'opposants que de partisans. Selon une enquête Ipsos, commandée par l'Alliance Anti-corrida dans le Gard, en juillet 2010, 71 % des habitants affirment ne pas être attachés à la tauromachie, et 61 % d’entre eux condamnent le versement de subventions publiques pour organiser des corridas : total annuel avoué : 600.000 euros.
La corrida est indéfendable du point de vue de l'animal mais aussi de l'homme… Les aficionados prétendent qu’ils veulent éviter la blessure et la mort du torero mais ils ne cessent d’exposer son corps !
Et si les spectateurs ne sont pas tous des sadiques ou des pervers assoiffés de sang, comme on l’entend parfois, il n’en reste pas moins qu’à travers le torero, ils approchent la mort par procuration. La grande inconnue qui fascine ceux qui ne peuvent s’empêcher d’arrêter leur véhicule à l’occasion d’un accident de la route. Pour voir…
Il s’agit donc bien d’actualiser une pulsion morbide. C’est en cela, aussi, que la corrida est hautement condamnable.
Enfin, savez-vous que, dès leur plus jeune âge, des enfants à l'esprit critique encore vacillant, poussés par leurs parents, sont soumis à un conditionnement unilatéral ?
Michelito Lagravère, 14 ans et déjà star de la tauromachie (crédit Alliance Anti Corrida)
Après avoir sacrifié leurs plus belles années et refusé les plaisirs de leur âge pour s'entraîner tous les jours, la plupart ne deviendront jamais toreros. Pire encore, ils connaîtront des difficultés d'insertion d'autant plus grandes que le temps passé à l'entraînement l'aura été au détriment de leurs études.
Plus d'infos sur http://www.allianceanticorrida.fr/