Eauze, Marie,
Le rêve était là de sauver le monde de cette violence, de ces jeux immondes Au matin la ville s'est réveillée Avec partout des gendarmes embusqués
J'ai cherché où tu étais, où vous étiez Partout des vigiles, des barrages filtrés, On ne passe pas sans contrôle dans le monde taurin fouilles et barrières sans ton billet en main,
Eauze, Marie S'est mangé la nuit... Eauze, Marie, Nous sort de l'oubli
On ne dit pas toujours ce qu'on pense Nous laissons souvent parler le silence Et le temps se remplit de dures images de cette misère toujours à la page
Ils étaient masqués, ils étaient en noir Dix âmes en deuil pour des taurillons pour des enfants traînés à voir le spectacle d'enfances massacrées dans un cercle de sable
Eauze, Marie S'est mangé la nuit... Eauze, Marie, Nous sort de l'oubli
La sortie du peuple, quolibets et menaces Gestes de violence, propos exacerbés, Pancartes agitées, pour clamer une autre vie une autre société, plus de respect
Le maire qui vient avec son bureau s'inquiéter de nous L'impression du temps qui défile sombre Et l' attente quand le vin coule dans la foule, quand les plats s'enchaînent et que la pluie tombe sur nous
Eauze, Marie S'est mangé la nuit... Eauze, Marie, Nous sort de l'oubli
Improviser quelques panneaux s'encourager, rester, parler, le ciel est triste et froid, corrida nous serons quinze au soir, quinze pour crier la souffrance et l'horreur érigées en culte, matadera
Ici les mots des hommes, la honte qui nous est faite reprennent les slogans du travail, du sexe, des valeurs Comment va la culture si elle se couvre d'exceptions C'est le cirque romain, un dimanche de bouffe et de jeux
Eauze, Marie S'est mangé la nuit... Eauze, Marie, Nous sort de l'oubli
Ici l'on m'interpelle sur la vérité historique Ici on s'en souvient de la race pariétale des mots qui sont lancés, fiers et sûrs, paons Qui agitent leurs plumes caudales, seuls et beaux
Si ce n'était que le taureau, on pourrait en parler, mais les manifestants ont d'autres sales idées! Ici t'as pas le droit de regarder quelqu'un dans la tristesse de tes pensées, on va te péter les dents
Eauze, Marie S'est mangé la nuit... Eauze, Marie, Nous sort de l'oubli
Ici on sait s'amuser, pas comme ces faces de Carême Ici Fabienne pleure effondrée, ici le temps s'efface Ailleurs on parlerait de cruauté, ici on dit beauté Lentement les véhicules passent, camion vidé
Toreador, escorté d'un motard, école d'Arles Les femmes sont des sirènes qui crient l'abolition Le silence retombe, on nous a accompagnés... Seuls sur le parc, le froid, les muscles raidis
Eauze, Marie S'est mangé la nuit... Eauze, Marie, Nous sort de l'oubli
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